Thursday, November 09, 2006

Priorité : faire sortir Nathalie Gettliffe des geôles canadiennes



Depuis le 11 avril dernier, Nathalie Gettliffe, professeure d’anglais à l’Université de Lyon II, est donc retenue en prison au Canada. Enceinte, elle n’a pas cédé.

Ségolène Royal, qui a remarqué que Zinédine Zidane avait le sens du combat pour défendre ses valeurs, pourrait se tourner vers le sort autrement plus dramatique de Nathalie Gettliffe...

Question valeurs, la jeune femme se pose là aussi. Elle veut aussi faire connaître la condition féminine dans ce genre de situation et, pour plus se faire entendre, elle aurait reçu le soutien de Pierre Giraud, maire de Satillieu (Ardèche) pour sa candidature aux présidentielles de 2007.

Après plusieurs médiations, conduites pour certaines sous l’égide de la MAMIF, Nathalie Gettliffe s’était rendue au Canada, conjuguant la possibilité de présenter un mémoire de fin d’études et de conclure un accord avec son ex-mari concernant leurs enfants. Certes, de la part de N. Gettliffe, cette ambition s’est révélée présompteuse. La police canadienne prévenue de son arrivée l’a arrêtée une première fois. Faute de mandat, Nathalie Gettliffe avait été relâchée. Le lendemain, un mandat de circonstance était émis dans un environnement judiciaire familiale proche de Scott Grant. Nathalie Gettliffe était emprisonnée comme une grande criminelle, sommée de faire revenir ses enfants au Canada. Elle risque dix ans de prison...

Des médiations dans un climat de suspicion
Les médiations conduites n’ont en fait pas permis de consolider un accord quelconque, ne fût-ce qu’un accord sur les désaccords. Il est clair que les propos tenus par des intervenants - ou prétendus tels, notamment sur des forums Internet - ont alimenté le constat d’incompétence plus que de qualité et de rigueur.

Cette affaire dramatique, où l’on voit des parents s’entredéchirer, les systèmes judiciaires sanctionner le sacrifice d’une mère, des amateurs de la médiation se déresponsabiliser en accusant cette mère de tous les maux et, entre autres, de mauvaise volonté, ne va-t-elle pas enfin trouver une issue ?

Comment désormais avoir confiance dans la MAMIF et ses acteurs, d’autant que l’intitulé même de cette "Mission d’aide à la médiation internationale pour les familles", placée sous l’égide du ministère de la Justice, qualifie le comportement de l’une des parties d’enlèvement d’enfant ? C’est déjà un parti pris. Parti pris jugeant. Parti pris conditionné par une perception juridique de la démarche.

Les affaires de la médiation familiale ne sont pas négociables
Comment avoir confiance dans une démarche qui privilégie une méthodologie fondée sur les enjeux et les intérêts, la négociation, alors que nous sommes ici dans un contexte qui doit permettre aux parties de trouver des repères de régulation relationnelle, avant toute recherche de solution, pour justement créer le climat favorable à la construction d’un accord durable ? Manifestement, le ministère de la Justice n’est pas aidé dans ce domaine qu’il souhaite développer.

Lorsque la médiation est conduite avec plus de prétention que de compétence, elle peut devenir, comme ici, dans cette affaire, un instrument de la Justice dure.
Il conviendrait que les médiateurs qui exposent des personnes à leurs prestations, popularisant ainsi l’échec de la médiation familiale dénoncée dans un rapport tout aussi peu éclairé, se réfèrent à l’idée qu’en matière familiale, la priorité n’est pas à la négociation ou à la conciliation, mais aux conditions spécifiques de la communication entre les parties.

Les "médiateurs" ne devraient-ils pas être appelés en cause ?
Si le médiateur est un professionnel, alors il doit poser le cadre de son intervention, définir les modalités de son déroulement, assumer la responsabilité de sa prestation. Ce n’est pas aux parties de dire ce qu’elles veulent comme modalités de fonctionnement, mais au médiateur de maîtriser son processus. Ainsi, si le médiateur se réfère au droit interne, lequel disposerait qu’il conviendrait d’engager immédiatement des rencontres entre les parties, il est déjà hors médiation et ne peut que revendiquer être un "pourparleur", pas un médiateur. En médiation, il ne s’agit que d’amateurisme, ou tout au plus de dilletantisme.

Un médiateur ne saurait s’appuyer sur le droit pour intervenir.
Quand tous les médiateurs auront compris que leur seul parti pris ne peut être que celui de la médiation, alors nous aurons répandu des médiations de qualité, efficaces, et de leur côté les juristes pourront exercer, sans qu’il y ait ces confusions qui débouchent sur ce genre de situation.
Quand les médiateurs auront compris que la bonne volonté, la psychologie et le droit ne sont pas leurs outils d’intervention, alors ils pourront développer une discipline qui inspirera confiance aux personnes confrontées à des différends qui leurs paraissent inextricables.

Dans cette affaire, il serait opportun que les médiateurs intervenus puissent justifier non seulement de leur mandatement, de leurs compétences, mais également de leur indépendance, de leur neutralité, et de la tenue de leur processus. Ont-ils mis en oeuvre tous les moyens professionnels pour permettre aux parents de se sortir de leurs ornières conflictuelles ?

Priorité : faire sortir Nathalie Gettliffe des geôles canadiennes
Maintenant, deux choses, compte tenu des soupçons sectaires qui font plus que planer sur cette affaire : ne conviendrait-il pas que le Canada accepte que Nathalie Gettliffe soit jugée en France, et, deuxième chose, qu’une médiation plus sérieuse soit conduite pour que cette famille décomposée trouve le chemin qui se trouve tracé dans le roman d’Erik Orsenna, La grammaire est une chanson douce ?
URL TRACKBACK : http://www.agoravox.fr/tb_receive.php3?id_article=11585

No comments: